Dernière actualisation du projet associatif

 

Ce projet associatif a vocation à exprimer l’identité et les perspectives d’évolution de l’association. Il s’inscrit de manière systémique dans un contexte environnemental dans lequel il agit et par lequel il est impacté. Il constitue une base à partir de laquelle les projets techniques des différents services devront être élaborés.

 

Mot de la Présidente

 

La rédaction du Projet Associatif de La Brèche réalisée en 2006 a été menée sous la conduite de Madame Théodose, directrice, et de Monsieur Dizier, président, auquel j’ai eu l’honneur et le plaisir de succéder. Ce n’est pas sans une certaine émotion que j’introduis ce travail de réflexion sur la réactualisation du Projet Associatif puisque, pendant cette démarche Monsieur Dizier est décédé. L’engagement qui a été le sien tout au long de son existence au service d’une société humaniste reste pour nous une référence forte et nous souhaitons inscrire ce présent travail dans les sillons que nos prédécesseurs ont tracés.

Si nous pouvons nous réjouir à l’instar des associations de solidarité que l’Association La Brèche soit reconnue comme un opérateur légitime de l’Action Sociale ayant vocation à gérer des services exerçant des missions de service public, nous nous trouvons pris dans un contexte de brouillage des points de repères. Je reprendrai à mon compte les propos de Dominique Balmary1 « les œuvres associatives ont à faire face, simultanément, à une demande accrue, à des sollicitations de plus en plus pressantes venues tout à la fois des autorités politiques, de l’opinion, de la conjoncture difficile et à des menaces d’élimination résultant, soit de concurrences marchandes, soit d’initiatives publiques, ainsi que d’emprises administratives qui réduisent leurs libertés. »

De fait, nous sommes dans une période caractérisée par des tensions portant à la fois sur les budgets des collectivités et l’organisation publique de l’action de l’Etat.

Nous sommes également dans une période de forte production législative qui a de nombreux effets :

-     elle réaffirme ou crée des droits individuels qui ne sont pas toujours suivis d’effets (ex loi DALO) au risque de la désillusion,

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1Propos introductifs dans l’ouvrage collectif conduit sous la direction de Robert Lafore « Faire société » - Dunod 2010

-     elle pose la prééminence de la responsabilité individuelle, au risque d’une répression accrue de comportements, particulièrement en ce qui concerne les jeunes et leurs parents (réforme de la loi de 45 ; suppression des allocations familiales, etc...).

 

Ainsi, oscille-t-on de la déclaration de droits, qui ne trouvent d’applications dans le réel, à la désignation de parents coupables de ne pas exercer leurs devoirs. Sans doute, la pensée de Marcel Gauchet vient-elle à propos nourrir la réflexion que nous menons dans l’élaboration de notre Projet Associatif : « Notre crainte est de plonger dans un monde sans lien… Comment reconstituer une figure cohérente du collectif ? C’est la clé de la période qui vient. »

Ecrire le Projet Associatif de La Brèche en 2012, c’est rappeler à chacun d’entre nous, administrateurs, mais aussi professionnels engagés au quotidien, notre mission d’aller vers les publics les plus fragilisés par diverses circonstances de la vie et ce faisant, les reconnaître dans leur dignité, leur apporter la présence, la reconnaissance, et les services qui peuvent leur être utiles.

Mais c’est rappeler aussi à l’Association qu’elle doit veiller à remplir un rôle éminent, fondement même de son existence, qui est de témoigner publiquement et de promouvoir la parole des publics qu’elle accompagne pour contribuer à l’élaboration des politiques publiques.

Tout au long de son histoire, La Brèche a cherché à développer des réponses, allant au devant des personnes rencontrant des difficultés, en créant des dynamiques collectives positives ancrées sur le territoire.

Réalisé de manière partagée entre tous les acteurs concernés, ce nouveau Projet Associatif a pour fonction de réaffirmer l’identité, les valeurs et la stratégie de La Brèche dans un contexte social difficile.

Il nous offre l’opportunité de réinterroger le sens de notre action et ses finalités, de réaffirmer notre place d’interface entre les pouvoirs politiques et les citoyens, les jeunes et les adultes, et les dispositifs de droit commun, d’acteur parmi les habitants, contributeur de lien social, ciment d’une cohésion sociale, rempart contre les replis individuels et communautaristes qui rongent la République.

 

Première partie : mise en perspective

1 - Quelques points d’histoire

La création : La Ferté sous Jouarre

• A la fin des années 70, à la Ferté sous Jouarre, 20 kms à l’Est de Meaux, ville de 8000 habitants à la lisière entre le rural et l’urbain, de nombreux jeunes se retrouvent sans activité, victimes de la crise économique consécutive au choc pétrolier des années 70. Une équipe municipale nouvelle met en place une commission extra-municipale pour élaborer des projets pour la jeunesse. Des rencontres s’organisent aux domiciles d’habitants engagés dans cette commission extra municipale, avec des jeunes ciblés par le projet. Le montage de l’action s’appuie sur l’échange et la parole de ces jeunes. Avec un « portage » par une association parisienne, la première équipe de trois personnes est constituée (2 travailleurs sociaux et 1 technicien du bâtiment). Elle recrute douze jeunes et se lance dans une activité de restauration de campings car.

• L’association est officiellement créée le 19 juin 1980, grâce à l’engagement d’habitants militants soutenus par la municipalité très partie prenante du projet. La rencontre avec des élus départementaux et des techniciens met en évidence que la prévention spécialisée est le dispositif qui répond le mieux au projet porté par l’association qui va être agréée à ce titre, ce qui permet de créer trois emplois.

La Brèche ouvre une crêperie au centre ville, dans un local commercial dont elle assure les travaux d’aménagement avec des jeunes. L’association « Chantiers-Initiatives » créée en 1986, sera transformée en SARL en 1993 et cessera son activité du fait des difficultés de trésorerie liées à la crise du bâtiment, et de contraintes économiques. Au total l’entreprise d’insertion aura fonctionné de 1986 à 1994. A sa fermeture, elle employait 25 personnes. En 1991, les difficultés relationnelles avec la municipalité qu’entraîne le refus de coopérer à l’élaboration d’un contrat d’objectifs, conduisent l’Association La Brèche à proposer au Conseil Général d’investir un autre territoire.

 

Le départ vers Roissy-en-Brie : 1er février 1992

Après accord avec le Conseil Général et pour s’assurer que les relations avec la commune sont établies sur des bases claires, l’association souhaite alors disposer d’un contrat d’objectifs précisant les engagements mutuels. Les actions que met en œuvre l’association sont déterminées par les attentes d’un partenariat très accueillant et très coopératif. Des liens partenariaux sont établis avec la Mission Locale, l’Unité d’Action Sociale, les établissements scolaires, les bailleurs, et bon nombre de services investis dans cette instance (service de Probation, Protection Judiciaire de la Jeunesse, Service Social d’Action Educative, etc..). De nombreuses actions construites avec ce partenariat sont menées sur la commune.

 

L’ouverture de Grain de Sel  : 1997 (Espace de Socialisation)

a répondu aux constats que faisait l’équipe avec ses principaux partenaires de besoins forts de certains jeunes n’arrivant pas à accéder aux dispositifs d’insertion et de formation de droit commun. Le cahier des charges proposé par la Région Ile de France au cours de l’été 1996 est apparu alors comme tout à fait intéressant pour proposer aux jeunes de nouvelles réponses formatives et éducatives alternatives à l’errance et l’oisiveté. A l’ouverture, ce dispositif a bénéficié d’un co-financement du Conseil Général et du Conseil Régional (à hauteur de 50% chacun). En 2004, la dénomination est devenue celle d’Espace Dynamique Insertion.

 

La création de Trapèzes – Espace Famille : 2001

C’est également suite à des questionnements de jeunes sur le besoin d’aide à apporter à leurs familles que l’association a souhaité engager une action spécifique en direction des adultes, parents ou co-éducateurs voulant améliorer leurs relations avec les enfants ou adolescents dont ils ont la responsabilité éducative. Dès 1994, un membre de l’équipe de prévention s’était spécialisé dans ce travail. L’extension en 2001 a permis de donner à cette activité la dimension d’un service ouvrant un lieu d’accueil et d’action au sein d’un quartier d’habitats collectifs de Roissy-en-Brie. Cet Espace a été amené progressivement à augmenter son activité et à diversifier ses modalités d’intervention.

 

L’extension de l’action de Prévention Spécialisée : 2001

En 2001 et suite à une sollicitation du Conseil Général souhaitant étendre la couverture en prévention spécialisée sur le Département, l’association a accepté d’étendre son action sur les communes de Tournan-en-Brie, Ozoir-la-Ferrière et Pontault-Combault. L’équipe de prévention spécialisée de La Brèche est devenue l’équipe du Fil.

Cette démarche, qui a fait suite à tout un travail d’étude préalable sur les besoins des communes pressenties a amené plusieurs évolutions notables :

-     une augmentation de la taille de l’équipe,

-     une évolution dans la composition et le fonctionnement du Conseil d’Administration de l’association permettant de prendre en compte les nouvelles communes,

-     une évolution des fonctionnements internes (organigramme, équipe d’encadrement, instances représentatives du personnel, organisation des communications internes …).

 

Rédaction du projet associatif : 2005

En 2005, l’association a mené une première démarche de rédaction de son projet associatif pour répondre à l’objectif de préciser ses stratégies.

 

2- Eléments de bilan du projet précédent

Depuis le projet validé en février 2006, l’association a mis en œuvre les préconisations qui avaient été travaillées dans ce cadre. Sans entrer dans une analyse évaluative très détaillée, les points suivants peuvent être présentés.

 

L’extension territoriale sur Gretz-Armainvilliers : 2007

En premier lieu, l’hypothèse qui avait été travaillée d’une extension territoriale sur Gretz-Armainvilliers a pu être mise en place en  2007. 

 

La fermeture de l’EDI Grain de Sel : 2009

Malgré l’investissement et les perspectives qui avaient été dégagées, l’Association a dû se résoudre à fermer Grain de Sel. Cela n’enlève rien au constat qui a été fait par tous de l’intérêt et de la valeur du travail qui y a été réalisé pendant toutes ces années de fonctionnement. Le passage d’un mode de financement par subvention globale à l’appel à projets dans le cadre de marchés publics, a ainsi imposé des règles budgétaires contraintes, sans doute peu adaptées à la réalité des publics accueillis. Une baisse d’activité sur l’exercice 2008 a ainsi obligé le Conseil d’Administration à prendre la décision de fermeture de ce service pour des raisons économiques et de façon à ne pas impacter le reste de ses activités en Janvier 2009. 

 

L’extension progressive de l’offre de services de Trapèzes

Depuis 2005, suivant les lignes qui étaient dessinées dans le projet, Trapèzes a renforcé son action, développé la médiation familiale, les visites médiatisées en partenariat avec les services de l’Aide Sociale à l’Enfance du Conseil Général.

Devenu Maison des Parents en 2006, le service a aussi développé des groupes de parole en interne et en partenariat, notamment avec les structures d’hébergement et l’Education Nationale.

Un groupe de travail mené avec une consultante en 2008 a permis de conduire une réflexion collective sur le territoire concernant les besoins d’action autour du thème de la parentalité.

En 2009, lors de la fermeture de Grain de Sel, le Conseil Général a validé la sollicitation d’un transfert du demi poste de secrétariat vers le service Trapèzes permettant de ce fait d’optimiser l’accessibilité de cette structure par une ouverture tous les jours de la semaine du mardi au samedi et un accueil du public de 9h à 18h. L’inscription de ce service dans le quartier a été l’objet d’une démarche résolument engagée de l’équipe sur les dernières années, rejoignant en ce sens la posture de « l’aller vers » développée en Prévention Spécialisée et s’inscrivant dans une dynamique de développement social local. On peut repérer une intégration beaucoup plus forte de cet Espace Famille pour les parents dans le quartier. Il constitue maintenant un lieu de convivialité, de sécurité, d’échanges pour l’ensemble des habitants, qu’ils soient ou non directement concernés par les enjeux de parentalité.

Enfin, courant 2011, le Conseil Général a confié à La Brèche le pilotage d’un groupe de travail centré sur l’élaboration du référentiel départemental des visites médiatisées.

On peut retenir de tous ces éléments que la technicité, la place et la légitimité du service ont progressé sur le territoire.

 

La participation à la permanence à la Maison des Adolescents et l’ouverture du Point d’Accueil Ecoute Jeunes - PAEJ

Le 45, local loué par la Mairie de Roissy en Brie à l’Association abrite depuis Janvier 2010 une permanence d’accueil et d’écoute des adolescents et de leurs familles ouverte dans le cadre de la Maison des Adolescents : Adobase. Coordonné par l’hôpital de Lagny sur Marne, ce dispositif s’appuie sur une mise en réseau et une mutualisation de compétences des acteurs du territoire. Une permanence d’accueil hebdomadaire est assurée par des accueillants professionnels mis à disposition par la Maison Départementale des Solidarités de Roissy-en-Brie, le Centre Médico-Psychologique de Pontault-Combault, l’Unité Educative de Milieu Ouvert (Protection Judiciaire de la Jeunesse). La Brèche est impliquée dans ce projet auquel elle participe par la mise à disposition de deux éducateurs de prévention du service Le Fil.

Enfin, depuis l’année 2009, sollicitée par la Direction Départementale de la Cohésion Sociale, l’Association a porté une réflexion sur le développement d’un PAEJ. Financé par cette D.D.C.S, le Point d’Accueil Ecoute Jeunes s’inscrit dans une complémentarité d’offres (notamment avec Adobase, partageant les mêmes locaux). Il constitue un espace de proximité qui a une fonction d'accueil aux adolescents et jeunes adultes. Le choix a été fait d’axer cette permanence sur des modalités de prise en compte des questions de bien être et d’estime de soi.

En outre, La Brèche a  été sollicitée à de nombreuses reprises pour apporter des éclairages sur les questions du soutien à la parentalité et de ses méthodes. (ex Participation à la recherche INJEP/FNEPE, à des colloques…).

 

Des changements internes

D’autre part, depuis le projet précédent, l’Association a connu différentes évolutions internes. Mme Thérèse Hallet assure la présidence depuis 2007, succédant à Monsieur Bernard Dizier. Mme Edith Théodose, directrice fondatrice de l’Association, partant à la retraite en 2008, a été remplacée par Mme Michèle Baron-Quillévéré.

Le siège est installé au 47 rue Pasteur depuis mai 2010, dans les locaux occupés antérieurement par Grain de Sel.

3- Une évolution du contexte d’intervention

Sur le plan institutionnel, dans cette même période, le Conseil Général de Seine et Marne a défini ses orientations 2008 - 2012 pour la Prévention Spécialisée fixant des points de repères importants pour l’action menée par l’Association en 2010.

Il a également proposé à l’Association la signature d’un CPOM (contrat pluriannuel d’objectifs et de moyens) pour la Prévention Spécialisée.

Soulignons enfin que le contexte récent est marqué par un approfondissement de la crise économique qui a des conséquences importantes sur les populations auprès desquelles travaille La Brèche. Sur les dernières années, on note une progression conséquente du chômage des jeunes avec une précarisation tant du point de vue de l’hébergement que sur le plan économique mais aussi psychique.

L’évolution de la famille suscite nombre de polémiques ; pour certains, l’évolution du fonctionnement des structures parentales néo-traditionnelles annonce la fin catastrophiste d’un modèle, alors que pour d’autres les changements familiaux ne sont que le miroir de transformations sociales plus larges. Les professionnels de La Brèche sont vigilants à évaluer en quoi les séparations et ruptures familiales contribuent à dessiner des trajectoires d’exclusion sociale, et comment ils peuvent, ainsi que l’écrit Maria Mailat, anthropologue, « être constructeurs et porteurs de repères, le problème de notre société étant de créer l’entre-deux ».

 

 

 

Deuxième partie : notre projet 2012-2017

1- Nos valeurs et nos principes

Cette étape de réactualisation du Projet Associatif est l’occasion de réaffirmer ses valeurs originelles et de se réapproprier collectivement le sens du nom qui est le sien.

Le choix du nom est très lié à l’expérience des quelques mois de recherche-action suite à sa création en 1980. C’est le Larousse qui les a convaincus. « Brèche »: « ouverture faite à une clôture, à un mur, à un rempart. Roche formée de débris diversement colorés réunis par un ciment naturel. » . Cette double définition correspondait bien aux intentions initiales d’ouverture mais aussi de « remaillage » social pour faciliter la communication entre deux populations qui se côtoient sans se comprendre : une classe moyenne ou aisée, aux revenus stables, bien insérée dans la ville, et une classe « défavorisée » pauvre voire démunie, vivant dans les immeubles vétustes du centre ville ou habitant les quartiers d’habitat social, avec souvent un sentiment de relégation, de mise à l’écart.

 

L’association La Brèche se réfère à des valeurs et principes issus de plusieurs grands textes :

-     la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948 selon laquelle « Tous les êtres naissent libres et égaux en dignité et en droits »,

-     la Constitution française de 1958 qui affirme que « la France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale »,

-     la Convention Internationale des droits de l’enfant, adoptée par l’assemblée générale des Nations Unies en 1989.

 

Exerçant dans le cadre de politiques publiques, elle est un acteur associatif et à ce titre entend observer, recueillir et soutenir la prise de parole des usagers pour participer à la réflexion et être force de propositions innovantes.   

L’association se réfère à des principes d’action présents depuis son origine :

-     assurer un accueil inconditionnel, avec équité et non-discrimination, ouvert à tout public quelque soit son origine ;

-     aller au devant des personnes sans attendre l’expression d’une demande et susciter du lien ;

-     être attentifs au contexte de vie (familial, économique, social et culturel) des personnes accompagnées.

 

En termes de méthode, elle cherche à :

-     s’appuyer sur des dynamiques d’acteurs (usagers, partenaires) inscrites dans un territoire par un travail en partenariat ;

-     articuler des formes d’accompagnement individuel et des actions collectives ;

-     rechercher des terrains d’action innovants pour l’articulation entre les politiques publiques et ces dynamiques personnelles et collectives ;

-     favoriser la porosité et l’articulation entre les différentes réponses mises en place.

 

Elle considère que les personnes accompagnées peuvent évoluer et ne se résument pas à leurs difficultés ou à leurs actes. Les actions que mène l’association doivent permettre aux personnes de révéler peu à peu leurs potentialités. Ainsi, La Brèche participe de la construction de leur identité et est susceptible de les aider à trouver leur place dans la société.

Dans toutes ses initiatives, l’Association la Brèche cherche donc :

-  à partager, dans la réciprocité, les connaissances nécessaires, les éléments de réflexion pour comprendre le monde ;

- et à forger l’esprit critique pour permettre à chaque personne de penser, de décider et d’agir par elle-même.

 

En cherchant à développer la capacité de discernement, de réflexion et de critique, elle s’inscrit historiquement dans les sillons de l’Education Populaire.

 

L’Education Populaire est un courant d’idées qui milite pour l’épanouissement de chacun et pour le développement social dans un quartier, une ville.

Elle est une éducation émancipatrice qui a pour finalité l’engagement des citoyens dans l’action  pour le « vivre ensemble ».

2- Notre territoire d’intervention

Dans le cadre d’un diagnostic des territoires réalisé avec le Conseil Général, l’équipe de Prévention Spécialisée du Fil intervient dans cinq communes rurbaines interconnectées.

La Maison des Parents, quant à elle, offre ses services à l’ensemble du département de Seine et marne.

Il s’agit ainsi d’un territoire en évolution constante, et qui connait les dynamiques typiques de l’Ile de France.

On y observe fréquemment un décalage temporel important entre la construction des logements, le développement de services et l’intégration sociale des nouveaux habitants, des processus de mise à l’écart et des relations difficiles avec les secteurs plus « anciens ».

Si chaque commune a ses spécificités, il existe des interactions complexes entre les territoires qui se touchent, avec des processus de déplacement (liés aux établissements scolaires, aux transports en commun et aux commerces…), des risques de conflits territoriaux entre jeunes, de développement de mécanismes d’exclusion ou de ghettoïsation des populations des secteurs d’intervention, etc.

Cette évolution constante et ces processus ont deux implications majeures :

-     à partir d’une approche psycho-sociale, le travail mené par les professionnels doit permettre de développer une observation, une action, une analyse et une compréhension en profondeur de la réalité en évolution de ces secteurs,

-     la réflexion associative doit permettre l’échange avec les élus et les institutions sur ces évolutions pour mieux les accompagner.

 

3- Nos stratégies d’évolution

L’action au sein des communes fait l’objet d’un contrat d’objectifs signé avec le Conseil Général et permet de définir des priorités adaptées pour l’équipe de Prévention Spécialisée Le Fil. Pour les deux autres services (Maison des Parents, PAEJ), les modalités d’accréditation auront à être définies et validées par les autorités de contrôle. En complément de cette démarche et de l’attention portée aux attentes, besoins et souhaits du territoire, le conseil d’administration souhaite que les stratégies d’évolution suivantes soient travaillées et mises en œuvre :

 

Poursuivre l’articulation entre les actions de prévention et de soutien à la parentalité :

L’association La Brèche considère les jeunes, leurs familles et leur environnement comme porteurs de ressources de changement et de développement pour eux -mêmes comme pour les autres. L’action de La Brèche articule une mission de prévention spécialisée et une démarche auprès des parents et familles.  La connexion entre ces deux formes d’action s’est développée. Elle constitue une spécificité à la fois au regard de l’action de prévention « classique » mais aussi de ce qui se fait habituellement au sein des Maisons des Parents, peu familières de dynamiques permettant d’aller à la rencontre des habitants, et d’impulser du développement social local.

Cette articulation est importante au regard des constats faits sur les phénomènes croissants de séparations et de conflits familiaux vécus par les jeunes et les familles. Elle a permis à l’association d’être réactive en termes d’évolution et d’adaptation de ses offres de service face aux besoins émergents.

Cette perspective doit être poursuivie, approfondie et faire l’objet d’une capitalisation et d’une communication élargie.

 

Développer l’observation et la veille sur les territoires et leur évolution

Les territoires d’intervention connaissent des évolutions importantes et des dynamiques sociales négatives ou positives qu’il est important d’arriver à repérer, identifier et partager. Dans plusieurs quartiers, on observe des phénomènes d’occupation problématique des espaces collectifs qui mobilisent et inquiètent la population et les responsables locaux. Ceux-ci peuvent revêtir des significations variables (ennui, trafics, choc culturel, évitement du regard « adulte »…). En tout état de cause, ces processus et leur analyse constituent des enjeux importants. L’Association veillera à développer ses contributions dans ce domaine, pour que des réponses adaptées soient trouvées dans un travail avec les partenaires du territoire.

 

Elargir l’accessibilité des actions

Il sera également important de développer l’accessibilité des actions (permanences, groupes, conférences, etc.) sur des lieux du territoire un peu démunis. Cette réflexion sera approfondie lors de la rédaction des projets de service.

 

Poursuivre l’ancrage d’actions de prévention sur les établissements scolaires du territoire

La Brèche a une expérience bien établie du travail avec certains collèges du territoire. Elle s’est engagée à partir de plusieurs actions : « Cet Autre Que Moi» (Cf Association Je Tu Il) et les Cafés des Parents animés par un intervenant de la Maison des Parents. Cela a permis de développer des relations et un certain nombre de savoir-faire dans ce domaine. Ces actions sont inscrites dans le cadre des C.E.S.C – Comités d’Education à la Santé et à la Citoyenneté.

 

 

Dans le pilotage de chaque établissement du second degré, conformément aux dispositions des articles R41-26 et R421-47 du Code de l’Education, ces comités ont pour mission de contribuer à l’éducation à la citoyenneté, de préparer le plan de prévention de la violence, de proposer des actions pour aider les parents en difficulté, de lutter contre l’exclusion, de définir un programme d’éducation à la santé et à la sexualité et de prévention des conduites addictives.

 

 

Pour les années à venir, et en accord avec les orientations posées par le Conseil Général, La Brèche souhaite poursuivre et amplifier le partenariat avec les établissements scolaires, qui constituent un lieu stratégique dans la connaissance et l’accroche avec le public jeune, ainsi que le soutien à leurs parents.

Ces actions doivent contribuer à sensibiliser les adultes aux enjeux spécifiques de cet âge de l’adolescence et à les soutenir dans leur capacité à répondre de manière adaptée.

 

4- Le fonctionnement associatif

L’organisation générale

Le Conseil d’Administration de l’association est constitué en trois collèges de six membres chacun :

-  les membres actifs qui partagent les valeurs de l’association et la soutiennent, avec une représentation possible et souhaitée des usagers de l’action,

-   les partenaires, qui permettent de penser et développer la complémentarité des actions sur le territoire,

-   les élus, qui apportent le point de vue de la collectivité et peuvent jouer un rôle d’interface entre les préoccupations locales et l’action menée.

 

En plus du Conseil d’Administration, les instances officielles sont :

-     un Bureau, élu par le Conseil d’Administration, composé d’un Président, un Vice-président, un Trésorier, un Secrétaire, un Secrétaire-Adjoint,

-     une Assemblée Générale Annuelle.

 

L’analyse menée lors de la réflexion a mis en évidence une satisfaction globale autour du mode de fonctionnement de la Brèche (instances, documents et éléments d’information apportés aux administrateurs). Pour autant, la réflexion a permis d’identifier quatre perspectives.

 

Perspectives :

1) Améliorer l’intégration des nouveaux membres

Pour prendre en compte le renouvellement régulier des administrateurs et la diversité des actions menées par l’association, il conviendra de développer un outil pédagogique permettant d’expliciter le fonctionnement actuel de l’association, son organisation, les rôles des uns et des autres, les principales actions qu’elle mène et l’engagement attendu des administrateurs

 

2) Faciliter l’implication des élus locaux :

En ce qui concerne le fonctionnement du collège des élus, la réflexion partagée a mis en évidence plusieurs points qui amènent à la volonté de maintenir mais aussi de faire évoluer le système actuel.

En premier lieu, cette spécificité d’un collège des élus des différentes communes apparaît comme une vraie nécessité, par leur légitimité, leur apport possible aux réflexions sur le territoire et par l’importance d’une cohérence globale des actions menées entre les différents acteurs. Pour les élus nommés dans le collège au sein du Conseil d’Administration, il n’est pas toujours simple d’intégrer le fonctionnement proposé.

Sa particularité est non seulement de traiter des questions générales (et moins celles de chaque commune) mais aussi de faire travailler ensemble des élus ayant des sensibilités différentes.

 

Pour prendre en compte ces éléments, l’association souhaite donc mettre en place un fonctionnement adapté. A une fréquence d’environ deux fois par an un processus d’échanges consacré à chaque commune, sera préparé et mis en place. Il permettra de réunir le maire ou son représentant, l’élu qui siège au conseil d’administration, la présidente ou un membre du bureau et la directrice.

Pour que ces temps soient constructifs, ce type de fonctionnement fera l’objet d’une évaluation des apports et de la méthode.

 

Le système de pilotage pour la Prévention Spécialisée

L’action de prévention spécialisée financée par le Conseil Général est pilotée à partir du dispositif suivant :

Un Comité de Pilotage, à l’initiative du Conseil Général, se réunit annuellement avec les élus du Conseil Général, les directeurs des Maisons Départementales des Solidarités et l’association. Il constitue un lieu de lisibilité et de visibilité des actions de la prévention spécialisée sur le territoire.

Les Comités Techniques  réunis sur chaque ville, à l’initiative de la direction de l’association, avec tous les acteurs concernés doivent venir alimenter un diagnostic partagé.

Conseil Général de Seine et Marne – Orientations 2008-2012 – Prévention spécialisée

 

Pour Trapèzes/Maison des Parents, à ce jour, le système de pilotage n’est pas déterminé par des instances.

 

3) Faire évoluer les outils de communication

Remise d’une charte. A l’arrivée d’un nouvel administrateur, une présentation de La Brèche et de son fonctionnement sera faite.

Une réflexion doit être poursuivie sur des outils de communication et d’échange associatifs (travail sur le site de l’association, les supports de communication, etc.).

 

4) Enrichir la réflexion sur la gouvernance associative

Le Conseil d’Administration doit rester un espace dynamique de réflexion prospective. Tournée vers l’avenir, l’association La Brèche a la volonté d’inscrire son projet dans la réalité sociale et économique et en pensant à demain. L’association souhaite orienter sa gouvernance vers la pro-activité en repérant les opportunités de développement, et de renforcement de son expertise par une veille stratégique.

Dans un contexte en pleine mutation, l’Association veillera à garantir son autonomie financière de façon à pouvoir poursuivre et développer ses missions.

 

Ce Projet Associatif a été validé lors du Conseil d’Administration du 24 janvier 2012.